Maligny

Histoire

3 - Bataille du 13 mai 1944 à Maligny (notes de Jean Durup) .

Dans la matinée du 13 mai 1944, deux automobiles chargées de résistants s'arrêtèrent dans la Grande Rue devant la maison qui porte maintenant le numéro 9 et qui appartient à Monsieur Paul Durup.

Ces résistants de deux maquis du commandant Verneuil venaient d'échouer dans une tentative pour délivrer des prisonniers vietnamiens.

En tout état de cause, une voiture allemande est arrivée, et à la vue des résistants, s'est arrêtée dans la Grande Rue devant la maison appartenant actuellement à Madame Poitout (en face le bazar) .

Des échanges de coups de feu commencèrent immédiatement. Il semblerait qu'un troupeau de vaches (ceux-ci étaient nombreux à l'époque au village) descendant du " Petit Cotat ", soit venu faire un écran passager entre les combattants, permettant aux Allemands de partir rejoindre le camp de prisonniers existant à Maligny et situé alors au Château de la Motte.

Ces Allemands purent ainsi téléphoner pour demander des renforts et commencer à essayer de déloger les résistants. Au cours des échanges de coups de feu, un soldat allemand fut blessé à la main. Les renforts allemands arrivèrent rapidement et prirent immédiatement pour cible la maison de Monsieur Durup, devant laquelle se trouvaient les voitures des résistants et par la cour de laquelle les maquisards s'étaient échappés pour gagner la campagne environnante.

Les Allemands prirent position autour de cette maison, et la prirent sous le feu de leurs fusils, pistolets mitrailleurs et fusils mitrailleurs.

Ils s'étaient en particulier installés au premier étage de la maison d'en face et de là arrosaient tout l'intérieur.

Ils envoyèrent un certain nombre de grenades qui éclatèrent sur le trottoir, les éclats pénétrant par les fenêtres de la maison et saccageant tout à l'intérieur. Quatre personnes se trouvaient à l'intérieur , Rose-Marie Durup, alors agée de 15 ans, malade et alitée, Monsieur et Madame Louis Renard, ses grands-parents ainsi qu'une infirmière qui se trouvait là étant venue donner des soins.

Madame Suzanne Durup, alertée par les coups de feu et les explosions, arriva en vélo, passa entre les balles allemandes et pénétra dans la maison pour protéger sa fille malade.

C'est un miracle que celle-ci n'ait pas été tuée, le lit sur lequel elle était couchée était en efIet criblé de balles. En voulant faire lever sa fille, Madame Durup fut gravement blessée à la main par une rafale.

Les Allemands continuèrent à tirer sur la maison pendant environ une demi-heure avant d'investir la maison dans laquelle tout était ravagé (cloisons détruites, meubles criblés de balles et d'éclats de grenade) .

Madame Durup fut transportée à l'hôpital d'Auxerre et elle demeura toute sa vie avec une main abimée.

Il est extraordinaire qu'il n'y ait pas eu de morts, cinq personnes étant demeurées dans la maison exposées à ce feu nourri.

Contrairement à ce qui fut écrit dans un ouvrage récent sur la résistance dans l'Yonne, aucun Allemand ne fut fait prisonnier ni tué.

Il n'y eut pas non plus de victimes du côté des résistants qui réussirent à s'échapper.

Le combat venait de cesser lorsque arrivèrent deux camions de Russes servant dans l'armée allemande (et qualifiés de Russes blancs) et stationnés à Saint-Florentin. Heureusement, ceux-ci arrivérent trop tard et n'eurent pas à être engagés.