Maligny

La ligne du Serein

La ligne du Serein

Première ligne mise en service le 15 octobre 1887, au terme d'une étude, d'une procédure aministrative, d'une exécution également rapides, sa construction en avait été décidée le 3 août 1881 par le Conseil Général ; l'appel aux concessionnaires avait été lancé début 1882 et la déclaration d'utilité publique prononcée le 17 janvier 1885. En deux ans et demi , les 75 kms de la ligne étaient établis.

Par la suite d'autres lignes seront crées. Mais la guerre de 1914 , allait apporter des perturbations profonde, elle entrava certaines réalisations et beaucoup de projets furent abandonnés.
Contraire à d'autres lignes, la ligne du Serein semble avoir été la moins touchée par les événements, son parc de locomotives n'ayant fait l'objet d'aucun prélèvement. Le trafic de la ligne était en effet nécessaire à l'effort de guerre : transport de matériaux, bois de mine et ciment. A quoi l'ensemble des machines suffisait à peine.

A leur apogée (1926 ) , les voies ferrées d'intérêt local de l'Yonne ne comporteront que six lignes :
- Laroche-l'Isle-Angely
- Sens-Egreville
- Joigny-Toucy
- Joigny-Auxerre et raccordement Fleury-Aillant
- Sens (Est) ­ St-Murice aux Riches Hommes-Nogents s/Seine
- StMaurice aux Riches Hommes ­Villeneuve l'Archevêque

Le déclin ­ les années 30

En 1932-33, le déficit de plus en plus croissant des exploitations ferroviaires incita plusieurs membres du Conseil général à réclamer le transfert de ces exploitations sur la route, sans plus attendre. Les procédurent de déclassement de lignes déclarées d'utilité publique se succédèrent en série.

Pour revivifier la ligne du Serein , les partisans en réclament la transformation complète avec mise d'écartement normal (1,44m) qui aurait permis d'ouvrir un accés direct aux wagons du grand réseau à cette voie normalisée. On évoque même l'idée d'un rattachement au PLM donc de son classement dans le réseau d'intérêt général. Ce projet fut écarté .

La condamnation avec sursis ( 10 Mai 1938)

En ce jour du 10 mai 1938 la Conseil Général en séance doit voter pour ou contre la suppression du chemin de fer, le rapporteur Maringe fait un long exposé et invite le conseil à ratifier ses propositions allant dan le sens d'un remplacement des lignes de train par des services d'autobus. Un débat long et passionné suit ce dépot de propositions, confrontant adversaires et partisans du chemin de fer, débat notamment dominé par l'intervention de M. Pierre Etienne Flandin, pourfendeur impitoyable du "petit train".

Nombre de votants 34
Pour : 17
Contre :17

En cas d'égalité la voix du Président étant prépondérante et le Président Poirier ( doyen d'âge) ayant voté pour l'adoption des conclusions du rapport Maringe, celles-ci furent adoptées par le Conseil général.
Ont voté dans ce sens :
MM. Raboulin, Schiever, Rostain, Polette, Véderine, Maringe, Poirier, Duran, Lamoureux, Hamelin, Lombard, Godret, Meslier, Flandin, Mazière, Marteau, Houdé.
Ont voté contre, c'est à dire pour le maintient du chemin de fer :
MM. Boitot, Charlot, Sabat, Bidault de l'Isle, Perreau-Pradier, Gautherin, Hournon, Gauthier, Jais, Marois, Doreau, Renaitour, Bouquigny, Tripier, Monjardet, Léger, Ribière.

A la suite de ce vote acquis de justesse , sur l'intervention de M.Renaitour et que M. Flandin devait approuver, une situation transitoire fut définie, tenant à la conservation et à l'entretien des voies ferrées d'intérêt local pendant un délai d'au moins trois ans.

La deuxième guerre mondiale: un sursis pour le train

Mais le "petit train" était coriace. Sans doute la tournure des évènements , qui de nouveau allaient ébranler le monde y fut-elle pour quelque chose, mais nul n'aurait pensé, en 1938, qu'une condamnation à mort prononcée cette même année ne serait définitivement exécutée que treize ans plus tard.

Si on ressentait l'imminence d'une nouvelle guerre, on ne prévoyait pas cette seconde guerre mondiale qui engagerait la France dans la campagne malheureuse de juin 1940 et lui ferait subir, sous le régime d'occupation, de sévère restrictions de consommation : à commencer par les restrictions d'énergie et de circulation féroces entre toutes en matière de transports automobiles.

La population allait donc être bien aise de se rabattre sur le train pour ses déplacements ; sur les tacots, par bonheur encore existants, ou réformés mais soudain reconnus bons pour le service.

C'est ainsi que refleurirent provisoirement nos tacots profiteurs de guerre malgrés eux.

Les forces d'occupation allemandes ne manquèrent pas d'utiliser les services de ces voies ferrées secondaires pour leurs approvisionnements, confirmant ainsi l'importance que celles-ci pouvaient jouer en temps de guerre.

Des chiffres record, tant en trafic voyageurs que marchandises furent enregistrés, allant jusqu'à quatre fois plus de voyageurs qu'avant guerre.

Aprés guerre le retour de l'automobile

Avec la fin de la guerre et le retour progressif à une situation normale, l'automobile reprit une place de plus en plus prépondérante, précipitant la chute irréversible des chemins de fer secondaires.

Dans l'Yonne, à l'instard de bien d'autres départements, on s'achemina vers une suppression totale des lignes maintenues ou remises en service . Dés 1946 étaient fermées à tout trafic les lignes Joigny-Toucy et Joigny-Auxerre. Enfin doyenne des chemins de fer départementaux de l'Yonne, la ligne Laroche- L'Isle Angely allait aussi succomber. Malgré de récents travaux de remise en état, malgré des résultats sans doute, de nouveau déficitaires, mais encourageants, malgré un projet de prolongement de L'Isle-Angely à Avallon, le Conseil Général, sous la présidence de M. Arrighi, fervent Ami de la Route, décida la suppression de la ligne du Serein.
Le 31 décembre 1951, circulait son dernier autorail, le 5-TA, partant de Laroche à 20h55 pour atteindre l'Isle à 22h55.

Sources: "Heurs et Malheurs des Tacots de l'Yonne ; 1887-1951"
Centre Auxerrois de l'Université Pour Tous de Bourgogne


 

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